Michel Deguy à l’œuvre

 
par Jean Jacques Bretou

Ce livre est composé de textes issus d’une rencontre autour (et avec) Michel Deguy. Elle eut lieu en mars 2011, à la bibliothèque municipale de Bordeaux, à l’initiative de l’Association régionale des diplômés des universités d’Aquitaine (ARDUA), qui lui avait remis son grand prix littéraire l’année précédente. Le titre exact en est M. Deguy à l’œuvre – Poésie & poétique et comprend, en plus de deux inédits de M. D., les analyses d’une dizaine d’intervenants. C’est une belle occasion de revisiter l’œuvre si importante de Deguy, de mettre en perspective le travail de cet ancien de « Latingrec » de Ouï dire à La fin dans le monde. On s’engage alors, pour reprendre la phrase de Bernard Vouilloux sur des « chemins » « où le poème se mêle de philosophie, d’esthétique, d’éthique, de métaphysique, de linguistique, de politique, de sociologie, d’ethnologie, d’écologie. » Deguy, de nouveau, nous apparaît comme résolument heideggérien : « Si tout art est, dans son essence, Poème, l’architecture, la sculpture, la musique doivent pouvoir être ramenées à la poésie. […] la poésie (Poesie) n’est qu’un mode parmi d’autres projets éclaircissant la vérité, c’est-à-dire du Poème (Dichten) au sens large du mot » (M. Heidegger). La tristesse chez Deguy ou la « situation d’un poète lyrique à l’apogée du capitalisme culturel » comme l’a écrit Martin Rueff pourrait si l’on ajoute l’ironie constituer un chapitre supplémentaire, de même que l’amitié (Derrida, Perec, Lanzmann…). Relisons Deguy, celui par exemple aux résonances nietzschéennes, de L’Energie du désespoir : « Rapatrions en l’homme les oxymores divins / qui lui reviennent : / la responsabilité poétique / est de surhumaniser. »




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Textes réunis et présentés par Bernard Vouilloux
Hermann
206 p., 28,00 €
couverture