par Agnès Baillieu
« (…) comment faites-vous, n’avançant que pas à pas, pour nous faire parcourir en quelques instants une distance infinie. (…) On devine où vous allez. Mais on voudrait bien connaître la route. »
(Lettre de Jules Supervielle à Jean Paulhan du 12 octobre 1928, citée page 73)
Ce volume rassemble les actes du colloque « Jean Paulhan et l’idée de la littérature », organisé à l’IMEC en mai 2011. Ses quinze contributions sont signées d’universitaires qui tous, d’une manière ou d’une autre, évoquent, soulignent ou se demandent s’il faut nier le caractère « insaisissable » de Jean Paulhan. C’est le qualificatif qu’emploie, dès la première ligne de son utile introduction, Clarisse Barthélemy – Jean Paulhan fut un « centre », une « autorité » : directeur de revues (La NRF, mais aussi Commerce, qu’il a parfois privilégiée au détriment de la première) ; théoricien (mais son œuvre est si discontinue… et quelle est sa postérité ?) ; lecteur, promoteur… « critique en connaissance de cause », disait-il de lui-même. Diverses questions sont donc soulevées et posées ici : l’autorité de l’œuvre, l’essentialisation du langage, l’ « anti-humanisme critique » de Jean Paulhan, le statut du lieu commun, la définition de l’œuvre littéraire comme créant un horizon sans attente… L’ensemble des articles, complété par des index (des noms, des œuvres, des revues, des notions), offre des réponses toujours érudites, parfois étonnantes. Il est, on l’aura compris, passionnant. Je signalerai notamment trois communications : Clarisse Barthélemy, « La poésie dans l’histoire : Jean Paulhan à contre-courant » ; Michel Murat, « Progrès dans le roman assez lents » ; Anna-Louise Milne, « De l’idée de la littérature au désir de loi. Vers quoi Paulhan avance-t-il ? »