par Alain Helissen
« Artiste pluridisciplinaire spécialiste en esthétique et philosophie d’art », ainsi est présentée Alice Popieul qui publie ici son premier livre. D’un premier livre, l’ouvrage possède la foisonnante richesse d’invention, l’ambitieux traitement formel. Face aux « guenilles de la tradition poétique, il n’y a pas le choix, déclare Alice Popieul : il faut inventer un nouveau langage, des mots neufs qui n’ont pas encore été souillés de potée tiède. » « Un élastique dans le dos » se décline en six chapitres, chacun d’eux se composant d’une suite de textes brefs conçus comme un work in progress. Dix-sept dessins de l’auteur sont de la partie. Le lecteur, acteur à part entière du livre, n’a plus qu’à s’installer à l’arrière de la charrette en regardant du côté opposé au sens de la progression. La traversée des chapitres ne va pas sans quelques secousses. Chacun d’entre eux propose une forme différente. Ainsi, chapitre 3, peut-on lire une succession de citations plus ou moins longues d’auteurs fictifs. Puisqu’on « est là pour rien, (…) toute la subtilité du questionnement métaphysique est sans doute de travailler à nuancer le rien. » Alice Popieul y parvient avec un remarquable brio.