par Ludovic Degroote
Une lettre d’amour porte son titre au mieux. Un matin, suite à un rêve dans lequel l’énonciatrice s’imagine écrire une lettre d’amour, elle écrit cette lettre : « Je t’aime, je t’ai toujours aimé » qu’elle envoie à un ami de longue date. Après l’avoir postée, elle s’interroge et s’inquiète de la réception de ce qui est devenu un aveu, et à propos de l’impulsion émotionnelle qui l’a poussée à écrire ces mots et à envoyer cette lettre, comme si elle-même était devenue dans ce geste « un moi parallèle ». Ça n’a l’air de rien et cependant cela témoigne de la complexité de nos émotions et de l’intimité qui nous déborde parfois, à travers les mots qu’on écrit sur une page « à la frontière du dit et du vécu ». Cette simplicité, on la retrouve dans la mise en page : Valérie Linder, peintre et poète, illustre chaque page par un dessin placé au centre, dessins très simples également qui forment une illustration du texte, allusive ou métonymique, sans en être la redondance : texte et dessins sont complémentaires de ce jeu simple / complexe. Cette sobriété se lit aussi dans l’écriture, placée au-dessous des dessins, deux à six vers par page, qui semblent parfois confiner au fragment. L’ensemble fait un bel équilibre, juste et touchant, dont la simplicité d’apparence est tout le contraire d’une faiblesse, et que la qualité des éditions Potentille met en valeur.