par Jean-Luc Bayard
L’écriture s’avance sur les points de fragilité. Déchirure d’une ombre, tremblement du corps, ou cataclysme, elle rend compte de l’état du monde, maintient, coûte que coûte, la jonction entre l’universel et l’intime. Tous les livres de Jacqueline Merville poursuivent cet affrontement, par la recherche d’une nouvelle verticalité, sur les ruines parfois. Séisme du 19 septembre 1985 (Dialogue sur un chantier de démolition, Des femmes, 1987), tsunami du 26 décembre 2004 (The Black Sunday, Des femmes, 2005), la nature, c’est vrai, n’est pas sans ressource. Le livre soulève ici l’autre nuit. Depuis combien d’années le partage – l’occident, l’orient, (l’Inde, précisément), six mois ici, six mois là-bas –, trente ans déjà ? En peu de pages se concentre ce temps, traversé de violence. La poésie en bref, en déchiré, recrute « à la mémoire de Nirbhaya, suppliciée à mort à New Dehli par un gang d’hommes en décembre 2012 » :
tringles trouant pensée mienne jusqu’au ventre .....leurs voix grumeaux noirs .....crochée ma bouche ils frappent voix mienne en gravats jusqu’au verbe.
« La Motesta »
36 p. sous couverture rempliée ornée intérieurement de trois dessins de l’auteur, 7,00 €