par Claudine Galea
On est une fille, puis une femme. Bordures et lignes en traverse, on ne va pas si droit. On est à l’écart. Rêveuse ou penchée à l’intérieur. Ce qui se joue dedans, gargouille et chatouille. Les bottines sont noires, la joie enfantine et le chagrin pareil.
Hélène Lanscotte revient sur son enfance à la suite de Rouge Avril chez le même éditeur.
Son Elle n’est pas un Je déguisé c’est ce qui reste quand on est grande quand on est vieille. On, oui, pour dire un territoire de temps qui est l’autobiographie de tout le monde.
Ces « printemps subits de pensée » vous arrivent toute la vie, ces moments où on pousse d’un coup même si après seize ans, ça ne se voit plus à l’œil nu.
La littérature se sert des mots pour voir et Hélène Lanscotte ressuscite des sensations et sensualités très anciennes, habillages et déshabillages, dans les odeurs d’armoires, de couture. Le mot est « receleur d’un soi qui s’effractionne » et empêche toute nostalgie, tout regret, ces sentiments qui édulcorent la langue. La mémoire est joueuse, « les lapins sont faits pour bondir. les fillettes pour marcher. on le lui a assez répété. »
Sous la prose verticale, poème de situations et de moments, une ligne de phrases brèves court en capitales, bande filmique, emploi de vie ? « Prête. Debout, à vouloir ». Prête ? Non, au contraire.