Eugenio de Signoribus : Maisons perdues

 
par Isabelle Baladine Howald

Qui sait ce qu’ils fixent dans l’ombre les lézards

L’excellente introduction d’André Ughetto, également traducteur de ce livre, Maisons perdues d’Eugenio de Signoribus à La Feugraie, pourrait suffire. Oui, cette poésie refuse tout effet : « langue qui coupe et ne sème pas ». Pourtant la perte d’une maison, la brusquerie d’un geste, ou simplement l’angoisse présente pourraient provoquer les larmes poétiques ! Mais la pirouette de vivre tient cette langue sur ses pieds : « des étagères autant / que de parois / et la porte ? / murez-là / j’entrerai par le plafond ». Pourtant la brièveté des poèmes du début laisse peu à peu place à plus d’ampleur, il est vrai que le recueil s’écoule sur dix ans (1976 à 1985) les numéros des poèmes sont remplacés par des esquisses de titres, « par quelle secrète voie / on arrive au cœur d’une chose », mais l’acuité de la langue qui naît du regard lui-même acéré n’est pas moindre « la langue remonte les vocables domestiques / comme médication pour son identité ». À nouveau les poèmes s’amenuisent «… il désire très fort / une langue ancillaire / dans le verbe fuyant et dans la chair. » Ni simple ni directe, malgré les apparences…

 




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