par Narciso Aksayam
Toujours ce cruel manque d’homophonies qui nous ôte d’apprécier les saveurs ni la musique de cette œuvre ni son articulation esthétique avec la civilité contemporaine japonaise d’où elle nous l’extrait en bilingue sur « bouffant Munken », si pâle papier à la police sobre qu’il traduit peut-être lui-même davantage la fadeur de cru réalisme d’un auteur dont la popularité de Prévert dans l’Archipel se rompt, comme par mégarde, sagesse incertaine d’elle-même, réduite à ne se voir au soir tombant que comme une étincelante pièce détachée de notre civilisation, médicalisable, bout à bout verbe-complément qui indique le vide où mort et poésie d’un seul masque sans visage me traînent, où choient tous mots s’effaçant dans leur archaïque sourire, autobiographie désinvolte qui pèse la déception en taillant bavette à son lecteur, cette édition précieuse nous l’offre lui-même comme un vide supplémentaire, être étranger, et y avancer à pas feutrés, trébuchant cependant, sous les facéties grimées de ce fils météorique d’un philosophe1 au funeste destin de bouillon cube, sentiment des phémères qui nous glisse des doigts.
144 p., 23,00 €
1. Tetsuzô Tanikawa (1895-1989), traducteur de Kant et de Simmel en quête de paix mondiale goethéenne.