par Narciso Aksayam
Nous ne pouvons encore le comprendre qu’à demi-mots. Poète1, il est de ceux-ci qui écartèlent le texte, le morcellent, le scandent de typographies, en forgent un calligramme défiguratif qui oscille entre fragments figés dans le temps suspendu et partition annotée pour la profération.
De ces deux livres, le plus ancien traîne les rues d’une certaine Italie2, et y pourchasse l’étalage d’avis de décès placardés au milieu du courant spectacle de nos affichages urbains3. Mort éclatante et pourtant profanée par l’usure des pluies aussi bien que par la rotation des élections, ou des spectacles qui l’ensevelissent, elle hante comme nulle part ailleurs de son pourrissement de papier décollé les silhouettes mendiantes et expropriées que nous sommes dans la bigarrure publicitaire de nos villes.
Le second ouvrage lui, est un bijou de matériel génétique. Il reprend quatre strates successives d’un texte en évolution, une hantise de contemplation bétonnée entraperçue d’entrailles en coït, qui, depuis 1991 tout de syntaxe suspendue, se géométrise, se diagrammise, s’encubise de pixels au contact des premiers outils informatiques jusqu’à se saturer puis s’épurer comme une vague de brume et d’encre en rut.
1. Mais aussi photographe, auteur de BD, de théâtre, de livres pour enfants.
2. Statistiquement remarquable par les prospérités mafieuses de son oncologie environnementale.
3. 83 photographies couleurs qui donnèrent lieu à une exposition en 1991 à Manosque.