par Jean-Luc Bayard
Dans l’autobiographie qu’il écrivit à 31 ans (Qui est cet homme, Egloff / LUF, 1947), Pierre Emmanuel éclaire toute son œuvre à partir du premier poème, « monstre » et « monolithe », dont il s’est débarrassé « en l’envoyant à Jouve » : Quand j’écrivis Christ au Tombeau, j’étais bien loin de me douter que cette première image portait en soi toutes les autres à venir.
Aujourd’hui c’est le même âge, trente ans, mais cette fois après sa mort (septembre 84) : comment rendre compte alors de cette œuvre singulière, inclassable, par quelles visions tenter d’en rétablir l’accès ? Anne-Sophie Constant répond avec une « Anthologie poétique » construite au miroir d’un seul ouvrage : Jacob constitue le véritable seuil. (…) C’est [sa] composition qui a inspiré cette anthologie.
Poème, puis livre, puis œuvre, l’écriture recherche le visage. Dans la composition d’extraits conçue comme un livre à venir, Anne-Sophie Constant révèle le déploiement organique de la parole, et restitue l’enjeu de l’écrit sur le chemin de la rencontre :
Quand je dis Toi
qui parle ?
Toi
Quand Tu dis Je
qui suis-je ?
Toi