par Alain Helissen
Il y a bien la mention « roman » sur la couverture de ce cinquième ouvrage de Thomas Vinau. Mais, poète, l’auteur aborde la fiction sans se laisser dépasser par elle, les pieds bien ancrés dans l’ordinaire de la vie. La part des nuages est habité par le personnage de Joseph, séparé de sa femme et père d’un garçon qu’il garde en alternance. Juste la toile de fond de ce livre qui ne remplit pas toutes ses pages et se décline en une succession de « tableaux » puisant dans l’apparent vide d’une existence leurs motifs. Puisque l’homme est composé majoritairement d’eau, il dégage de la buée qui va former les nuages, ces « accumulations condensées de tristesse ». Noé, le fils, y voit pourtant mille formes animales tandis que son père s’installe, résigné et serein, dans cette immuable alternance de « matins conquérants et d’autres, gémissements d’esclaves ». Quand le mot « FIN » vient soudain interrompre le récit, quelque chose reste suspendu, tant le style de Thomas Vinau parvient à entraîner le lecteur dans une proximité complice. Parce que Joseph, c’est sans doute un peu de nous, étonnés comme lui d’être comme « des poules, des oiseaux qui ne savent pas voler ».