Olive Senior : Un pipiri m’a dit

 
par Daniel Lequette

Cette anthologie personnelle d’Olive Senior est organisée autour de trois regards différents sur l’univers caribéen : évocation de la vie paysanne scandée par les cyclones ; éloge des oiseaux protecteurs ou porteurs de rêves icariens voués à l’échec ; mythologies et voix de l’esclavage.

L’auteur tient avec l’équilibre d’un funambule entre les divers biais possibles de la littérature « périphérique » : écologie, féminisme, anticolonialisme constituent un substrat qui nourrit l’œuvre, mais sans l’appesantir. La poésie « coquille » d’Olive Senior sait jouer de toutes les ressources de l’hybridation mythologique, formelle, linguistique pour faire entendre en polyphonie les voix des fantômes humains et non humains. De ces multiples tableaux traversés constamment par les déchirements, les séparations, les dévastations cataclysmiques et historiques, surgissent des figures de la résistance qui sont aussi des figures du passage comme cette « locataire indélogeable » qui oppose aux « saccageurs de temps » « la constance tropicale » car « comment, sinon par la désobéissance, / pouvons nous changer l’ordre du monde ? Qu’importe s’il ne nous / reste qu’une passoire pour charroyer l’eau ?... Nous pouvons l’utiliser pour attraper un poème ou deux / et les hisser en haut de nos mâts ».




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Traduit de l’anglais par le collectif Passages sous la direction de Nicole Ollier
Édition bilingue
Le Castor Astral
256 p., 15,00 €
couverture