Éric Chauvier : Les mots sans les choses

 
par Pascale Petit

« Si les noms ne conviennent pas aux choses, il y a confusion dans le langage. S’il y a confusion dans le langage, les choses ne s’exécutent pas. » Confucius. « Mais c’est en cassant l’ambiance que le sens apparaît. » Éric Chauvier. L’auteur des mots sans les choses poursuit son sillon avec des formules choc. C’est qu’il veut réveiller nos consciences noyautées par un langage sans contexte. Il le fait aussi avec humour – ce n’est pas pour rien – l’humour donne de la distance – mais la bonne, pas celle du langage malade ordinaire vide / plombé par les discours préétablis et diffusés et régurgités. « Nous sommes loin de l’Éden de lumière et bien plutôt au point culminant d’un état d’aliénation généralisé qui soutient la démocratie comme le cul-de-jatte porte l’aveugle dans une forêt en feu. » Ce sont donc des files d’armures vides qui circulent dans « les couloirs aériens du langage ». Les concepts sont plaqués d’avance sur les expériences – selon la logique du haut vers le bas. Ce n’est donc pas par hasard non plus – même s’il passe aussi en revue des « concepteurs » de langage, entre autres, pour citer les plus connus, Bourdieu, Lévi-Strauss, Foucault – qu’Éric Chauvier évoque des expériences personnelles à partir desquelles il réfléchit au langage. Ce serait en effet une méthode simple pour sortir de cette sorte d’envoûtement dans lequel nous voilà plongés. Plus le plafond (de cette cathédrale de langage) est haut, plus les murs sont loin de nous. Mais avec Éric Chauvier, y a comme un lézard dans la cathédrale.




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Allia
120 p., 6,20 €
couverture