par Narciso Aksayam
Ce beau livre en main, aux vastes pages montées de textes courts, nous plongeons dans l’efficace beauté qu’on sait à cette poétesse. Sa syntaxe libre et fluente, toute de phrases courtes souvent conjuguées Je, et d’appositions nombreuses à foison, nous berce d’une haute musicalité consonantique, mielleuse d’hiatus sonores et de nasales assemblées. Litanies d’actes, comme un flux ininterrompu de verbes égaux, jaillissements sans conjonction, comme se lève l’aube blanche de tes reins, margelles, mufles écumants d’une animalerie abondante, cheval de feu, cheval de lisières, cheval ! Cheval ! Et des fleuves ! Des princesses ! Des framboises ! Myriades de saveurs, de joies, de lampions et de doigts léchés, qui font de ces sept sections de petites enluminures rimbaldiennes en série, qui s’achèvent sur l’amour, la mort, un cri, le ciel qui monte, un cri encore, ou l’attente au verger… et des mots rares à chercher, à deviner, à explorer, comme l’anguille fraîche d’un érotisme brodé qu’on aurait attrapée sous des jupes d’ombelles. Dans les grands prés, les calices se dressent ; on en sort le museau constellé de pollens.