Yves Leclair : Cours s’il pleut, poèmes

 
Par Philippe Di Meo

Un énoncé senti comme aphoristique ou proverbial ouvre avec bonheur un recueil de vers attaché à remonter de l’Averne, belle citation de Virgile à l’appui.

Chaque poème semble porter la trace d’un vécu qui trouve son titre inversé chiffré au pied du poème sous forme d’un nom de lieu dûment flanqué de sa date. Le mouvement du vécu, illustré selon l’éphéméride des espaces et des temporalités arpentés, brode le revers des « enfers », la vie, conçue comme incessants déplacements, accumulations de perceptions tout à la fois figuratives et oniriques. L’espace et le temps, telles sont les abscisses et les coordonnées du cadastre d’une psyché.

Pareille inclination inclut non seulement le souvenir personnel, l’épiphanie, le joyau de l’instant soustrait au néant, mais également la mémoire littéraire. Celle-ci vient parer le poème de ses harmoniques, de sa densité. À une réceptivité méditée se superpose le filtre d’une tradition poétique. Tout s’avère alors campé entre instant et éternel pour tramer une sorte de rémanence, de trace, ou de tracé, certes fragmentés selon un calendrier tour à tour intime et culturel. Yves Leclair parvient à tenir les deux bouts de ce discours fertile en images évocatrices.




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Gallimard
144 p., 17,50 €
couverture