Tieri Briet : fixer le ciel au mur

 
Par Catherine Weinzaepflen

Récit, prose, poésie, lettre, Fixer le ciel au mur traverse tous ces espaces avec l’énergie de la résistance. Le narrateur dont la fille vient d’être hospitalisée pour soigner son anorexie, s’adresse à elle, Leán. Il ne cesse de lui écrire, maintenant ainsi une proximité en dépit de l’isolement thérapeutique. Et dans ses lettres il lui raconte des histoires, les histoires vraies de Musine Kokalari et d’Hannah Arendt, deux femmes écrivaines qui, pour l’une, a passé sa vie en prison, pour l’autre, en exil. Des histoires sombres – il ne manque pas de le souligner – mais c’est comme s’il offrait ces héroïnes à sa fille qu’il considère comme une héroïne. « Ce que je veux, c’est comprendre » écrit Hannah Arendt. Tieri Briet aussi veut comprendre et prend la main de sa fille pour s’avancer dans ce projet. Avec une infinie tendresse, avec une superbe confiance, il lui dit qu’il l’aime. Il lui rappelle son enfance : jamais de souvenir mièvre mais des moments intenses, de vérité. Jamais il ne tombe dans le piège qui consisterait à disserter sur l’anorexie car il n’est pas dupe : c’est Leán elle-même qui trouvera la solution, ainsi que l’explication, s’il y en a une. Le père fait de l’adolescente un portrait bouleversant, il lui tend un miroir.

Tieri Briet prend des risques, tant sur le plan de la pensée que de l’écriture. Sans prendre de risques, il n’y a pas d’écriture. Et le lecteur qui a traversé avec le père et la jeune fille les affres d’un questionnement sur le monde, la vie et la mort, s’apaise sur la phrase qui achève le texte : Plus besoin d’avoir peur.




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Le Rouergue
144 p., 15,30 €
couverture