Par Mathilde Azzopardi
Le Grand élucidaire des choses de l’amour ne se donne pas pour objet de dresser, à la manière des Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes, un inventaire de l’ensemble des états amoureux ; il cerne les contours d’un imaginaire de l’amour – « le contenu rêvé », plus que réel –, essentiellement nourri de l’expérience sensible. « Si je m’assieds devant la glace / Ce n’est pas / Par narcissisme / Mais par peur / Des attentats » : point d’amour de soi, dans les choses de l’amour de Régine Détambel ; point, non plus, d’emprise. Sujet tantôt féminin, tantôt masculin, ce qui se joue relève de la composition, de la fusion des contrastes, « ombre et soleil », de l’incarnation plus que de la transcendance – « les femmes (…) redeviendront des corps / au contact de ma langue ».
Élucider n’est pas mettre en lumière, mais nommer le « dépli », le geste, sans l’intention, ou trajet intellectuel, qui y préside, au risque de ne « prononcer autre chose qu’un labyrinthe plein / d’impasses ». La bouche, qui goûte et se délecte – « je fais du bruit en te mangeant » –, est naturellement l’organe de l’énonciation. Les choses de l’amour, révélées dans et par le langage, non élucidées, éblouissantes.