Joseph Brodsky : Vingt sonnets à Marie Stuart

 
Par Claude Favre

Selon l’antienne, traduction serait trahison1, celle de poésie
En serait l’acmè ; invoquer la lettre plutôt que l’esprit risque
D’oublier, que n’en avoir pas trahirait le poète en son jeu ici
Qui, expulsé d’amour et de son pays, tisse, gouailleur, et bisque

Et rage enjouée d’écrire, truffés de citations dvadtsat soniétof
Plus encore de conversations entre poètes, peintres, amis
Et Paris, pour l’amour d’un baiser to Mary Queen of Scots
invoquer l’esprit plutôt que la lettre serait oublier celle qui

Pour le poète « bel espace vide »2, c’est dire si grammaire
Rend les têtes folles ; alors et bêchant retournant l’extrême affaire
Baiser entre deux langues, traduisant, nos trois mousquetaires

Interprètes, tous défendant, à leurs corps plus ou moins bousculant
Métrique, rythmique, sons et ponctuation, un air de liberté rejouant
L’univers et ses métamorphoses, en expansion, contraction, évasion

Pour notre grand bonheur, font œuvres iconoclastes, de toutes façons.




Tous respirent Pouchkine. Brodsky a une voix, mutine érudite, France a de l’oreille, Ernoult traque l’air, ose la césure, le sonnet3, Markowicz aidé de Baudelaire, Catherine de Pisan ou J. Rudel, primesautier, engagé, polémique crée4.







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Traduction anglaise de Peter France, revue par l’auteur ; traductions françaises de Claude Ernoult et d’André Markowicz
Édition trilingue
Les doigts dans la prose
2 x 96 p. tête-bêche = 192 p., 18,00 €

couverture

1. Rares sont les livres traduisant des poèmes aussi soucieux de la question de la traduction, et drôles.

2. Une reine, une image, une femme, une statue

3. « mémoire de l’Europe ! » André Markowicz.

4. cf. Le clavier cannibale, blog de Claro, et La République des Livres, blog de Pierre Assouline.