Avec la collaboration de Jean-Luc Arnaud
Par Stéphane Baquey
Comment un ouvrage d’anthropologie urbaine peut-il se lire comme un traité de la relation et un art poétique ? C’est ce qu’il s’agirait de démontrer au sujet de cette réédition refondue d’À travers le mur1. De l’habillement aux frontières de quartier, en passant par une typologie des ouvertures, la recherche décrit les variations de la limite dans les villes de l’Orient arabe, compte tenu de leurs transformations au cours du XXe siècle. C’est aussi un récit d’apprentissage : du jeu des regards qui s’échangent entre étrangers et habitants ; de la négociation des espaces, entre dedans et dehors. L’enquête part de la fascination orientaliste pour le moucharabieh. Puis elle affine les cadres de la construction du regard et des positions, dans les mots même de la ville arabe, qui sont ceux des écrivains. Des années 1980 à aujourd’hui, aux voyageurs occidentaux et aux écrivains arabes (de Tewfik el-Hakim à Mahmoud Darwich), sont venues s’ajouter des voix du quotidien2. Elles sont les meilleures preuves de l’enquête, à côté des photographies et des relevés graphiques. Quelques noms de cette anthologie3 : Abbas Beydoun, Bassam Hajjar, Abdo Wazen, Iskandar Habache, Ghassan Zaqtan, May Telmissany…
1. Première édition : Paris, Centre Georges Pompidou – Centre de Création Industrielle, 1985.
2. Jean-Charles Depaule a publié en 2011 Sur place (cipM / Spectres Familiers), suite en vers composée à l’occasion d’une résidence à Saïda, au Liban.
3. Jean-Charles Depaule a coordonné un volume dans la collection « Cent titres » à la Poésie de langue arabe (cipM, 2002).