Ana Becciu : La Visite

 
Par Gérard-Georges Lemaire

La poésie d’Ana Becciu est tout le contraire de celle de Sor Juana Inés de la Cruz ! Sans être minimaliste, elle compose ses textes avec un sens aiguisé de la concision et de la litote. Ils sont courts et pourtant ils sont d’une rare intensité. La Visite est une petite merveille où chaque poème est un tour de force : elle parvient à ramasser l’essence d’une passion, d’un sentiment, d’une réminiscence dans quelques lignes brèves. Il sont ciselés et ne laissent paraître que ce qui est fondamental : les mots sont pour elle des instruments pour construire une architecture du sens qui ne conserve que l’indispensable, mais avec de vertigineux agencements sémantiques. Elle ne poursuit pas l’essence des choses, mais ne produit que ce qui est indispensable pour faire résonner dans le vide de la page des pensées complexes et subtiles. Et même quand l’un d’eux se prolonge et se change en un récit, il a ces mêmes propriétés. Je ne saurais la comparer à personne. Elle fait partie de ces auteurs qui ont cette rare faculté de capter en une poignée de lignes des idées et des situations pour les transformer en objet d’une méditation belle, intransigeante et forte. Ce presque rien fait naître un univers entier et de riches affabulations de l’esprit.




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Traduit de l’espagnol (Argentine) par Philippe Dessommes
Édition bilingue
Cadastre8zéro
72 p., 13,00 €