Par Philippe Di Meo
Un recueil ? Rarement le terme n’aura été si pertinent. Ne sommes-nous pas confrontés tout au long à un foisonnement de formes plus complices que concurrentes : poèmes en éclats ou gerbes d’étincelles, citations évidemment repersonnalisées et personnalisantes, aphorismes, autocommentaires, aperçus encyclopédiques, mémoires, souvenirs et définitions, histoires, anecdotes, élégies, épopées, pensées et abandon à l’émerveillement du créé vrillant et tourbillonnant partout comme un chaos primordial néanmoins organisé où ordre et désordre finissent par s’accorder plus que par détonner. Et surtout, à plastiquement s’indifférencier pour illustrer la dynamique du vivant. Nous sommes en présence d’un hymne à la « grande mère » nature, divinité qui a précédé des mythologies plus conflictuelles. Une nature envisagée comme évolution perpétuelle, de formes et langages y compris. De sorte que le poème naît de cette double conscience propre au jaillissement et à l’étiolement du vivant. « Tout récit est une sélection arbitraire d’instants au sein d’un continuum », cite Fabienne Raphoz d’après Guillaume Lecointre. Parmi beaucoup d’autres, cet énoncé transparaît comme une déclaration de poétique parlante. Et précise. Lisant, ne voletons-nous pas de page en page comme au travers d’autant de lieux naturels ?