Abbas Kiarostami : Des milliers d’arbres solitaires

 
Par Philippe Di Meo

Nous connaissions le cinéaste et le photographe mais guère le poète. Cette lacune est opportunément comblée par un recueil particulièrement feuillu. Ce qui retient d’emblée le lecteur, c’est l’importance de l’image comme représentation, d’abord, et site mental, ensuite. Les poèmes s’enchaînent, ou plutôt débordent, comme autant de fulgurances inattendues. Parfois au bord de l’obsession tant certains thèmes se révèlent insistants. Même s’il nous est difficile de contextualiser ces poèmes au sein de la culture iranienne, ils nous communiquent des impressions indélébiles. Des impressions souvent inséparables de la pensée où l’image ciselée, parfois cinglante, se donne dans une fugacité paradoxale. Le flux soudain du vers renvoie à son reflux dans l’image qui fait suite. Une sorte d’anthologie onirique de sensations s’élabore au fil des poèmes pour relier chaque unité à la mosaïque d’ensemble. D’où l’ironie et l’humour ne sont pas exclus. C’est cependant une volonté de fixer l’éphémère dans une forme précise qui frappe : « près du marais / il y avait des fleurs blanches / et une odeur fétide ». Le lyrisme et sa déconstruction en un seul et même mouvement, peut-être.




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Collages de Mehdi Moutashar
Traduit du persan par Tayebeh Hashemi et Jean-Restom Nasser et par Niloufar Sadighi et Franck Merger
Erès
« Po&psy, in extenso »
836 p., 20,00 €
couverture