Patrick Wateau : Personnier

 
Par Sébastien Hoët

C’est un territoire précis, aride, désolé, que ne cesse, avec une constance admirable, d’arpenter Patrick Watteau, dans une langue sculptée au scalpel, coupée et coupante, qui ne regarde pas au néologisme (dès le titre) ou à la tournure archaïque, à la langue morte (le latin ici), ni à la correction syntaxique – son envie, à cette syntaxe « correcte », de mener la phrase jusqu’au bout, dans le culte de la clarté et du rythme chaloupé, non heurté, alors que « Le bâillon ouvre ferme le non / sans / Énigme ce qui » (p. 18) –, une langue qui donne des coups de sonde, prend les mesures de ce réel ramené au corps, à ses organes, à son squelette, et aux instruments dont il dispose ou qui l’entourent, lui permettent d’habiter et de (se) dire plus ou moins mal – une chaise, une vitre, la tête, les dents, l’ongle, la langue… L’impression est tenace d’un dévoilement de l’être dans une langue impossible pour elle-même, haletante mais glacée, brisée, fragmentée dans ses moments de continuité mêmes – « le mur fermé / d’intérieur ouvert » (p. 96), et justement désyntaxisée pour qu’affleure de loin en loin ce qui nous est le plus proche mais ne peut être dit.




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Atelier La Feugraie
120 p., 15,00 €

couverture