Stéphanie Ferrat : Roncier

 
Par Ludovic Degroote

Avec Roncier, Stéphanie Ferrat poursuit un travail dont l’exigence ne faiblit pas, mais de façon plus ouverte, moins serrée : le vers devient plus mobile, la construction du livre également : on retrouve une alternance1 non systématique entre des pages de vers en romain et d’autres en italiques – celles-ci souvent plus longues et plus aérées –, et une maîtrise affirmée de ce que la page porte en germe ou tente de développer. La poésie de Stéphanie Ferrat est une poésie du nœud, or les nœuds, nous en avons en nous, dans le corps par exemple (« toujours debout // contre le ventre armé ») ou la mémoire, comme on en voit dehors, dans la réalité même, qui résiste à ce que nous pouvons en appréhender et en dire. Le poème est par excellence le lieu du nœud, celui du langage mais aussi du poète qui porte le langage et dénoue ce qu’il peut à travers la langue : moyen d’accès, lien avec le monde, moyen de résistance qui permet de ficeler la réalité à distance. La question de l’écriture poétique est donc au cœur de ce livre dense qui voudrait « écrire pour une langue impossible ».




Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on PinterestShare on TumblrEmail this to someone
Atelier La Feugraie
146 p., 16,00 €

couverture
                                   

1. Déjà présente dans Caisson (La Lettre volée, 2009) mais de façon moins fréquente.