Par Ludovic Degroote
De la terre en mémoire est construit en deux parties : la première, tournant autour de la disparition et de la dislocation, dont témoigne l’écriture fragmentaire, répète l’impossibilité de relier une mémoire à une vie : « récit troué absence de vie » : on s’interroge à la fois sur l’origine de ce mal-être de même que sur un destinataire présent mais pas nommé. Le rôle moteur des mots qui aident plus à voir ou à vivre qu’à réparer dit à la fois leur nécessité et leur impuissance : ils confrontent le lecteur à cette sorte d’amnésie de l’énonciateur et l’emportent dans une écriture qui mêle récit et poésie. La seconde partie éclaire la première en apportant les éléments du récit qui manquaient, mais sans la répéter, y compris dans l’écriture du fragment, comme si rien ne pouvait rétablir une continuité définitivement brisée. La boucle que dessine le dernier fragment renforce l’émotion sans cesse présente, elle-même éclatée, exprimée de façon pudique, sans effets majeurs, ce qui ajoute de la force à ce premier livre prometteur.
1. On saluera chaleureusement la naissance de cette nouvelle maison d’édition dont ce titre est le second, après un livre de Pierre Dhainaut, de même que la qualité de la maquette et la modicité du prix.