Mathilde Vischer : Lisières

 
Par Alain Helissen

La lisière est un entre-deux, une bordure entre le monde visible et celui que cache la forêt. Ce livre de Mathilde Vischer, son premier de facture poétique, oscille entre des univers équivoques. La réalité s’y double parfois d’extravagances qui la déplacent au-delà des lisières rassurantes. Ainsi de ces éclats de chair projetés par une tondeuse à gazon, de cette femme occupée à laver ses organes, de ce scarabée errant à l’intérieur d’un revolver, de cet homme sur un banc public tétant le sein d’une femme, de ces oiseaux qui se mettent à tomber... Autant de scènes disparates se succédant dans ce recueil où l’apparence des choses cache d’autres possibles. « (…) on ne peut plus nommer, désigner, le nom est autre chose », écrit Mathilde Vischer. Lisières contient, précise-t-elle, des traces d’œuvres littéraires ou cinématographiques dont elle cite quelques titres. Mais cet ouvrage, dans sa forme éclatée, trouve une unité de fond s’inscrivant dans une vision de l’existence plus proche sans doute du désespoir que de la béatitude, comme en témoignent l’appel du vide ou l’omniprésence de la mort. Reste le corps, seule consolation, à entretenir jour après jour pour demeurer dans la vie.




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p.i.sage int.érieur
80 p., 8,00 €

couverture