Par Christophe Stolowicki
Le salut par la langue
En deux versions, à deux versants, aux deux modes respiratoires du verset et de l’irréversible, sanglées à l’identique de mortvie deux plaquettes complémentaires très (dis)semblables d’un jeune poète donnent une idée de l’étendue de son registre, de sa tessiture de Janus bifax.
Dans l’une de page en rage malmenée, rabrouée se démantèle la syntaxe du poème de prose ; l’adresse à camar(a)de renfonce débusque de / dans sa « gangue […] la langue, au dedans des dents, du dedans ta bouche », redondante de malheur heurt à heurt premiers ; en retombées concassées qu’un lyrisme à cordes rompues rajuste à perdre souffle, un « trublion » aux sorties d’usine à l’anachronisme abyssal convulse un compressage de profération où le nom s’adjective, l’adverbe se verbalise en un déVerbal hoqueté, syncopé, sac à dés ; becquets déboîtés, parenthèses d’ajout, regrets d’un peintre au couteau ; lancinante de nous serrer lacérer ébouler au plus frayé une scansion furieuse, de déports en reports se ponctue de mois en mois qui ne font pas les saisons, d’un qui « semelle décembrisée […] renie l’avril attente », « arase [la] langue dans le sillon d’aucune langue », « sans ressasse casse » une rhétorique de sac et d’accorde.
L’autre un long lent non moins lancinant monocorde poème, distendu, litanique, tout en « redites », sassements, reprises de « malangue », hâve jour après jour sinon un imperceptible ajour s’épèle vers à vers à format de page, étiré compacté pleine page de bloc en bloc, centré expiré nimbé de blanc, quand fusionnée à moi-toi, chômeuse de ta vie en morne attente, maman peut-être un matin tu t’es assise, « arrêtée atterrée »; pur jus noir de la désespérance des jours s’étoile de merveilleuses trouvailles « dans la suite illogique des secondes des ba(ra)ttements de cœur ».