Par Christophe Stolowicki
Ce numéro spécial de la revue, fervemment préfacé par Martine Monteau, décline plusieurs Japon. Celui de l’avant et de l’après-Fukushima. Le « théâtre tranquille » d’un quotidien étiré zen. La gastronomie concrète de Martine Rousseau. Quelques poètes récents ou contemporains qui renvoient, ne renvoient pas le haïku aux vieux soleils : Inagaki Taruho, né en 1900, aux brefs récits fantastiques de veine kafkaïenne sans l’angoisse, verve dadaïste sans l’insolence, au « pain d’étoiles […] réduites en poudre » ; Kaménosuké Ogata, lui aussi né en 1900, en déréliction pacifiste dans le Japon d’avant-guerre occupé à « poser un livre lourd comme le dictionnaire sur la grenouille qui coasse » ; Fumi Yosano rendant en 2013 hommage de Tokyo à celui qui « va […] là-bas / Déterrer des morts dans la boue noire / […] gardien […] de la mémoire de Sumer ». Dans un ciel de Dali, Yoji Kuri peint un engouffrement suspendu.