Par Christophe Stolowicki
Se frotter à Nietzsche, nos pas dans son pas d’athlète. Se mesurer à lui. Pierre Parlant à Nice, capitale de la lumière, en longue imprégnation d’un recueil de lettres du dernier philosophe-poète écrites lors des séjours qui émaillèrent son couchant, cet âge d’or, en pèlerinage d’hiver sur les brisées de qui mit Dieu à genoux, s’y brûle les ailes. Est-elle assez « antiphilosophique » cette collection où il s’inscrit, est-il encore philosophique d’enseigner la philosophie, fût-ce en poète ? Cela dit cela donne, tout en minuscules, une merveille de poème critique en trois mouvements : l’un vers à vers inégaux sans autre ponctuation que le vers à vers ignorant tout effet poétique, passant à la ligne, à la strophe par la seule densité du compressage intellectuel ; le second de fragment en fragment de prose narrative du « désir romanesque distribu[ant] / la fonction après quoi il devient aversion du roman » ; au final la photographie d’un fléchage en cercle entaillant un magma. « [L]a grande teneur des mots [ne] s[’y] désuni[t pas] ». Relâche toutefois dans la tentation pédagogique de « chanter au groupe comment chanter tout seul, autrement dit / chanter ensemble le chant de solitude ».