Nicolas Cendo : Contrebas

 
par Jean-Marc Baillieu

Nicolas Cendo (1947) n’est pas un poète bruyant, n’a nul besoin de faire des pieds et des mains pour exhiber son art. Qui le lit, le relit, le relira, l’offrira. Une douzaine de livres, de recueils depuis 1981, ont permis, permettent d’apprécier l’œuvre en cours, « le travail obstiné et délicat de l’écrit dans le sillage du regard » (C. Fourvel). On pense à une façon (qui pourrait être taoïste) de prendre le temps du regard, de (pouvoir / savoir) capter et rendre par le verbe sans se répéter, ici une soixantaine de pages en blocs de cinq à quinze lignes en continu mais ponctuées. Toujours les incipits, les attaques sont remarquables, et les chutes, mots de la fin, importants : entre les deux un déroulé au lexique choisi, à l’agencement sobre et raffiné qui sait nous entraîner. D’un début à une fin pour exprimer un instant, un moment, dans la nature, de la nature certes, mais aussi, pourquoi pas, sur la route, dans le sillage des « énormes roues du camion de devant » (p. 35)…
Contrebas exprimerait l’intention (la mousse, la rosée, la margelle…) avec l’art délicat d’un rendu au brou de noix. Quelques « on » et « nous » pour un seul « je » exprimant la « peur de moi » (p. 19), une seule sentence : « l’improbable est multiple de rien » (p. 65), et la subtile captation de qui sait lire ce qui l’entoure, et avec minutie nous le proposer à pas comptés.




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Tarabuste
« Doute B.A.T. »
72 p., 12,00 €
couverture