Jacques Réda : Tiers livre des reconnaissances

 
par Étienne Faure

Avec le Tiers livre des reconnaissances Jacques Réda ouvre une palette très large autour de poètes de tous temps, par le truchement de vers alternant hommage, humour, gravité et rebondissements. Les textes qui se succèdent ont parfois été fabriqués pour des préfaces, des colloques, des recueils d’hommage… et alternent entre l’admiration pour l’œuvre et l’amitié pour l’homme, ses tics, ses signes distinctifs : c’est la mèche de Frénaud remémorée : « Son geste machinal vers la mèche toujours rebelle » ; c’est « l’œil intense, le front dressé » de Roger Munier ; c’est le marcheur Guy Goffette qui arpente Paris la nuit à ses côtés. Il y a des poèmes acrostiches d’où surgit Jaccottet, il y a l’anagramme qu’enferme le nom même d’Audiberti (Bâtir Dieu), il y a Apollinaire en trois dates, et puis le long poème conçu pour un colloque (présidé par J. R.), en forme de commentaire du grand La Fontaine ; une suite réparatrice, en réponse au savon de Ponge, dédiée à « la souple éponge », le mal de mer d’Henri Droguet... Et puis les anonymes en marge de Malherbe et de Ronsard. Pirotte est là aussi, sous une treille où murissent des mots qui aussi bien conviennent à ce recueil où se côtoient « L’acide autant que le sucré » ; et l’on referme provisoirement ce livre, grave et gai, avec pour Jacques Réda, que « Font sourire aux larmes ses vers », une nouvelle reconnaissance.




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Fata Morgana
80 p., 13,00 €
couverture