par Luigi Magno
Le dispositif sur lequel Laurence Boissier échafaude ce livre est simple. Sur la page de gauche paraissent les indications de lieu, sur celle de droite se succèdent des récits, organisés à chaque fois autour ou à partir du lieu choisi. De « la chambre d’hôtel » au « pré », les lieux les plus disparates se suivent, des plus quotidiens comme « la voiture », « le supermarché » ou « la salle d’attente », aux plus exotiques tels « l’igloo » ou « l’utérus ». Tous ces lieux partagent cependant une sorte d’expérience commune faite par un personnage qui livre ses impressions ponctuelles, ses sensations de mémoire, ses souvenirs, ses rêveries, ses cogitations sous forme de « notes de terrain ». La sacralisation des espaces n’est parfois pas loin ainsi qu’une mystique de l’écriture. Le véritable inventaire est peut-être à chercher dans les pages de gauche, pages sèches en forme de liste, où les titres-lieux se cumulent à travers une incessante reprise : à chaque nouveau lieu, les noms des lieux précédents sont repris et biffés de sorte à construire une liste récapitulative mais en négatif.