par Sébastien Hoët
Il s’agit ici de célébrer avec humour, tendresse, ironie, mais aussi une certaine mélancolie, l’éternelle jeunesse du désir, voire de l’amour, dans le corps qui vieillit – l’écrivain est né en 1939. « C’est chaque fois une autre séquence. / Tu n’as jamais fini de naître. / Tu es resté un enfant. / Tu ne veux pas te connaître / pour continuer à aimer » (p. 30). Dans ces vers d’une clarté charmante, on retrouve la « morale » lumineuse d’une Colette, laquelle précède les affres du péché originel et n’a pas même l’idée de la transgression – qui n’épargne ni Gabriel Matzneff ni Richard Millet quand ils chantent le corps des adolescent(e)s. Un exemple de cette innocence animale : « Elle te parle des plantes / bonnes pour la santé. / Elle avale ta semence / qu’elle trouve épicée. / Le sexe est franc de péché. / La jouissance est le sacrement / des amants » (p. 23). Référence est faite à plusieurs reprises au fameux film de Truffaut, L’homme qui aimait les femmes, et de fait on imagine volontiers l’écrivain sous les traits de l’immortel Charles Denner, égrenant, dans ses derniers instants, la lista pittoresque et roborative (p. 53 et suite) de ses innombrables conquêtes. Les dessins naïfs, d’une aimable préhistoire enfantine, de Richard Kenigsman, accompagnent gracieusement les errances de l’Éros ithyphallique.
64 p., 13,00 €