par Agnès Baillieu
Volume brut de décoffrage – mais c’est le principe de la collection : les pages de Valéry, Une vue de Descartes, précédant son anthologie : Discours de la méthode, Méditations métaphysiques (I-II), et cinq lettres, notamment à Balzac et Mersenne. Une seule précision, la date du copyright, 1941. Or en 1941 meurt Bergson (« dernier représentant, peut-être, de la pensée… »), quelques mois avant que Valéry n’apprenne qu’il est destitué, par le ministre de l’Instruction Publique, de ses fonctions au Centre Méditerranéen de Nice. Cette même année Une vue de Descartes paraît en tête des Pages immortelles de Descartes choisies et expliquées par Paul Valéry. Mais on peut lire dans Variété d’autres pages de Valéry sur Descartes (Fragment, un discours, Seconde vue de Descartes, et même Le Retour de Hollande). Le Descartes de Valéry n’est pas un portrait : « j’essaie de faire un croquis… », écrit-il comme étonné du « pouvoir mathématique » du philosophe. Si la poétique de Valéry congédie l’auteur, on le sent presque fasciné par l’ « incarnation » de ce discours de la mise en forme. Finalement c’est un éloge que donne à lire ce volume vraiment intéressant : « Ce qui enchante en lui et nous le rend vivant, c’est la conscience… de son être tout entier rassemblé dans son attention… ; conscience si volontaire et si précise qu’il fait de son Moi un instrument dont l’infaillibilité ne dépend que du degré de cette conscience qu’il en a. »