par Nadine Agostini
Voici donc que Cervantès, et non pas Don Quichotte, manchot ayant fait un très long périple, se retrouve sur la Plaza Mayor, à Madrid, entouré par une foule venue des quatre coins de l’Espagne. Une femme crie : « Dis-nous Cervantès, c’est quoi la vérité ? » Le voilà qui chantonne. Qu’est-ce que la vérité ? Cervantès dit la sienne, en vers courts et en IX temps. Dès lors, chaque temps est réponse aux questions de la foule qui, sans cesse, relance le discours. Vérité / temporalité. « Le vrai / Est la preuve / De lui-même / L’essentiel / Requiert / L’essentiel ». La vérité et le réel. « Le mensonge du mensonge ». Vérité et efficacité. « Advienne que pourra / D’une / Vérité / Peu / Tangible ». Vérité et paraître. « L’indice / De l’erreur / Équivaut / À l’indice / De l’illusion ». La vérité et le soi. « Dérivée / De désirs / Humains ». La vérité et le doute. « L’ombre d’un doute / Plane / Sur l’état continuel d’amour ». La vérité et le sentiment. « La vérité / Réduite / À n’être qu’un mot ». La vérité du monde. « Ce qui est commun / À plusieurs êtres pensants / Ce qui se passe en nous / Sans nous ». Vérité égale Liberté. La vérité, est-ce ce que la foule veut entendre ? Est-ce ce qu’elle désire ? Ou bien ce qu’elle désire est-il autre chose ? Du sentiment ? Du réel ? Pas de vérité froide ? Pas de philosophie ? Finalement, elle est émue par les réponses que lui fait Cervantès, elle est touchée dans le cœur et l’esprit comme l’est le lecteur. La vérité s’étant ouverte, Don Quichotte est advenu. Cet ouvrage est une conjugaison entre le texte philosophique et le texte poétique. Docteur en philosophie, Charles Dreyfus Pechkoff se pose ici en poète qui pense et nous offre des poèmes philosophiques. Il est Cervantès. La Vérité est le troisième volet d’une trilogie. Être à part (à paraître) a paru aux éditions Dilecta en 2008 et Fallacia Accidentis aux éditions Al Dante en 2011.