Jean-François Bory : Un hiver près des ptyx

 
par Christophe Stolowicki

Salubre politesse de la gaîté, d’un stoïcien de l’épicurisme. En vers alternativement de lettres swinguantes et de cursives neutres que l’on dévale de marche en marche à rejets crochetés, décrochage aimanté de report en report – lettres chatoyantes comme le noir et blanc – testamentaire heureux un imprononçable ptyx, un hapax¹ bat la glace de ses pluriailes à l’instant unique de siroter l’heure bleue. Ayant lu tous les livres, tutoyé leurs auteurs, gourmand d’éternité voyagé à Prague à l’enseigne de Nerval avec Apollinaire, des Russes cyrilliques à la table à côté et « cet air inachevé dans / le visage qu’ont les Slaves » ; d’une corniche contemplé, lune barrée d’un nuage, la beauté du « marécage sur la mer » quand « le mirage est éveil » ; en lettres grasses frottées salement, venteuses, neigeuses, cotonneuses brouillées, rendu mieux que parole « l’air nocturne […] plein de petits cotons glacés » ; disjoint d’harmoniques d’infimes capitales de la douleur, de la couleur, effilées comme le temps à vivre, et les pâtés de géantes voyelles ; à Rimbaud migrant dans son âge ingrat du passé administré une volée de bois vert, « le vert pistache et le vers pastiche » – au plus hivernal Bory délivre aux happy few un bonheur plus lettré que lettrique, littéral à même la vie la vie.



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Spectres Familiers
88 p., 15,00 €

1. De Mallarmé.