par René Noël
Hermès vit, hors de tout athéisme ou croyance en lui. Il est cette main du traducteur selon Hésiode cité par Dominique Grandmont. Tout traducteur, écrit-il, écrivant dans sa langue à l’écoute d’une autre, la motivation d’un traducteur n’est donc pas de se mesurer aux autres, mais de chercher le sens de sa vie à travers le texte traduit. Il arrive que celui qui à première vue ne prend pas parti, se révèle le plus intransigeant. Ainsi Constantin Cavafis se vit-il moins en héritier, en mythologue de l’hellénisme, qu’il l’observe en poète à travers les visages et les gestes, les attitudes du peuple ouvrier d’Alexandrie. Il est vrai, écrit et dit à ses interlocuteurs1 Dominique Grandmont, que Cavafis voit, il ne cherche pas il trouve, a d’abord une vision, son désir, espace antérieur et toujours inachevé où lèvent les générations, qui rend caduc le temps partiel et partial. Étendue qui ne préjuge donc pas de devoir être, mais, paradoxalement, devient. Devenir par souffle, fil d’Ariane de la mimésis né de chaque voix humaine singulière. Thèbes et Athènes, Alexandrie et Delphes2 sont les lieux communs de l’hellénisme « à cheval sur trois continents », qui débute à tout instant et n’a pas de fin. Dominique Grandmont n’écrit pas tant des livres, qu’il expose la vie et l’art noués aux désirs de chacun et à l’utopie qu’ils sécrètent.
1. Conférences prononcées dans différentes institutions culturelles entre 1999 et 2014, 2015 pour l’avant-propos.
2. Et la Troade, les Perses d’Eschyle.