Par Christophe Stolowicki
D’une lucidité coupant court à tout pathos, plus prosaïque d’émaner de rhapsode, celui de l’entre-deux genres en qui ne se reconnaissent ni les lyriques professionnels ni les romanesques de métier – un recueil de textes brefs égrenant quelques anecdotes de fond d’une vie de mouton noir. Quelques vies en une, centrée sur les petits métiers de l’écriture à l’exigence amère. Rédacteur public, préposé aux besognes de scribe, humoriste radiophonique, revuiste subventionné au compte-gouttes. De simplification abusive en développement outrancier un humour douloureux, précis, méticuleux sans faille, rarement jubilatoire, insultant son public, délectable de tout ce qu’il déguise. Mise en bouche : « Au sortir d’une jeunesse tourmentée et chaotique, le choix était clair : ou je m’abîmais dans ma folie ou j’en tirais des produits dérivés qui pourraient se vendre sur le marché de l’art et de la littérature. » Description d’un rêve récurrent qui n’évince pas sa symbolique. Récit flux tendu de la mise en abyme d’abymes en miroir jusqu’au court-circuit, enseigne lyonnaise d’un café d’auteurs et titre du morceau de peu de bravoure. Seul un poète peut se permettre ces excès de pure prose traquant impitoyablement la rime naturelle.