Nu(e) propose ici des lectures de Philippe Lekeuche éclairées par l’intelligence des textes et la connaissance personnelle (Mathieu Dubois montre avec clarté les liens entre la création poétique de l’auteur et son travail de psychothérapeute auprès des toxicomanes et des schizophrènes), des résonances poétiques dont les modernes miniatures ruinistes du Bloody Mary d’Éric Brogniet ainsi que des interventions plastiques vives et sombres scandent le recueil. La revue s’ouvre sur un entretien de Myriam Watthee-Delmotte avec l’écrivain et des textes inédits qui donnent un aperçu de sa personnalité poétique : une écriture qui emporte et frustre en même temps par son mélange de lyrisme mystique parfois archaïsant et d’écriture pulsionnelle volontairement bancale pour dire à la fois la nécessité vitale de la poésie et son impossible réalisation : « La poésie, c’est l’inexistence, c’est-à-dire la catastrophe / Qui devient miracle ».