par Bruno Fern
Voici un opuscule qui se proclame roman « écrit sous la contrainte », au moins1 celle des 140 x 140 signes du tweet, et affiche la bagatelle de 3 titres, le 1er évoquant la méthode employée, le 2ème la thématique centrale et le 3ème qui renvoie au précédent autant qu’à l’onomatopée émise par un volatile anglophone de base. Les références vont de Platon à Alphonse Allais et la brièveté imposée évite la grandiloquence pour viser l’essentiel. Des personnages apparaissent : Jean (le père, en lièvre – à rattraper ?) et Marc-Émile (le fils, dans le rôle du sujet supposé poursuivre) étant les deux principaux. Quant à la Révolution, elle court tout du long (c’est le cas de le dire puisque la course – à pied – est l’un des fils), selon une orbite qui fait qu’elle est toujours à recommencer, ne serait-ce que pour lutter « contre l’angoisse du rien ». Bref, aussi savant et grave que drôle, ce grand petit livre mêle subtilement états d’âme & État à renverser, histoires & Histoire, tout en réfléchissant sur la langue au passage, ce qui fait déjà beaucoup : « Craindre moins de mourir que de ne pas avoir vécu. Que je soit un être, enfin. La Révolution c’est l’éternité mise à la portée des fantômes. »
72 p., 9,50 €
1. « Comment nous attarder à des livres auxquels, sensiblement, l’auteur n’a pas été contraint ? » (Georges Bataille)