par Lorenzo Menoud
La vie au grand art
Jean-Charles Massera – dans un texte éblouissant de sincérité, signifiant ainsi qu’il y pose des questions centrales, sans jamais détourner les yeux de ce qui pourrait l’affaiblir, par une démarche expérimentale inédite, mêlant pratique, politique et poésie avec justesse – cherche, au-delà des « formes consacrées de la culture haute », les lieux « où le monde et ses représentations » se construisent, c’est-à-dire qu’il s’attache à trouver un « corps d’expérience », une forme au « fatras d’événements »1 de notre vie contemporaine et se demande comment se tenir à différents niveaux d’existence, inscrire l’écriture hors de l’espace de la page, faire entrer la fiction dans la réalité – renouant alors, sous le pseudonyme de Jean de La Ciotat, à près de quarante ans, avec les courses cyclistes, il en avait fait adolescent, déplaçant les « états d’âme attendus » de la variété par « des paroles critiques dans l’enveloppe sonore qui habituellement nous dépossède de nous-mêmes » ou encore mélangeant les histoires en train de se faire, la chute de Moubarak filmée de trois-quarts sur son ordinateur laisse émerger « les conditions de réception de l’image »2.
176 p., 6,00 €
1. Cf. pages 42, 24 et 21 de l’ouvrage de J.-C. Massera ; l’expression « fatras d’événements » est empruntée à Giorgio Agamben, Enfance et histoire, Payot, 1989, p. 20.
2. Cf. pages 123, 133 et 152 de l’ouvrage de J.-C. Massera. On peut notamment écouter sa chanson Tunnel of Mondialisation sur ce lien.