Par Jean-Pierre Bobillot
« La poésie veut pas d’toi, et tu sais pourquoi »1 : je me dis que ce fut là, mot pour mot, le constat et le diagnostic de Rimbaud quant à ce que pouvait être, ou non, la poésie, et un poète, en son temps – au fil de sa découverte progressive des différents milieux poétiques qu’il traversa ou côtoya, ou pas, de leurs mentalités, des rapports de force qui les structuraient : même là, rien que des « Assis » ! Concentré explosif autant qu’explosé de rageuse lucidité, Consume rouge est le développement typographique ad lib., façon all-over et dûment documenté, d’un tel constat et diagnostic – aujourd’hui. En vertu duquel Courtoux, invité il y a peu à se produire dans un de ces temples de la Culture2 où, d’ordinaire, on lit assis, ou à la rigueur debout au pupitre, apparut en imprécateur cagoulé bruyant, et rampant : c’est glaçant, « ça ne plaît pas à tout le monde »3, mais on peut rire sous cape… La méthode (oui, c’est le mot) est explicitement (il y a, oui, un « discours de la méthode »…) le sample généralisé : détournement / montage / démontage / tournoiement, d’où : effet tournis garanti ! Même principe pour Death by a thousand sources : œuvre résolument bruitiste, de bout en bout.
104 p. + CD 78’31”, 24,00 €
1. Refrain de « Schizo boy », dans Vie et mort d’un poète de merde, CD 75’01”, Al Dante, 2010.
2. À savoir : l’IMEC, le 3 juillet 2014, autour de Christian Prigent.
3. « Je suis loin de vendre du baume », écrivait Rimbaud à Delahaye (lettre datée de « Parmerde, Jumphe 72 »).