Par Mathilde Azzopardi
Au fil de l’année 2012, Anne Calas s’est rendue, au départ de Paris, dans douze villes du littoral, de Zeebrugge en Flandres, à New York, en passant par l’île d’Yeu, Berck ou encore Cabourg, dessinant ainsi une façon de constellation mentale. Départ et trajet, parcours de paysages maritimes, balnéaires, urbains, sauvages, où projeter à la fois son univers intérieur, la mémoire sensible de son propre corps, un imaginaire littéraire et mythologique. Expérience géographique et poétique, avec la mer pour point d’ancrage, entreprise par une femme aventureuse, restituée en douze chants (entrecoupés de trois « intermèdes insulaires », balisés par trois photographies) d’inégales longueurs et de formes extrêmement variées – poèmes et proses, jeux sur la disposition, la typographie, l’italique, le tiret, le crochet, etc. Le même élan préside à chacun de ces douze voyages, le même désir, organique – « je suis une anémone de mer » ; « je suis une dune » –, la même nécessité brûlante d’énoncer et d’être dans une intensité chaque fois renouvelée – « mon corps / le dresser, écrire sans cesse » –, et restituée dans et par un lyrisme inventif et foisonnant – « comment dire autrement ma liberté ? »