Par Mathieu Nuss
Dans le miroir d’Orphée est un de ces livres dans lequel on pressent une zone de silence, bien sensible même à certaines pages, d’interdiction d’écriture, qui distingue l’écrire du parler. C’est bien là qu’il faut saluer un tel travail ! Longue liste de préceptes, de fragments qui varient de l’aphorisme à la sentence : « Tout chagrin est une autopunition », qui prennent dans l’avancée du livre de l’épaisseur. Il y a une peine endimanchée dans la voix de Davvetas, une tristesse pensive soutenue par la « présence absente », par l’absence « qui concerne » et qui sert d’énergie marémotrice au thrène, car c’en est un :
« L’amoureux brûle ce qu’il trouve en face de lui afin de s’en éclairer. »
Mots de consolation qui font office de pansements tardifs, tout cela semble-t-il né d’une infinie patience, palpable, sachant outrepasser les brusqueries, pour restituer ce qu’il y a à écrire comme recours : « Fût-ce avec le seul spectre de ta présence, j’ai trouvé ma raison d’écrire ».