Par Monique Petillon
Nicolas Cendo, qui a été conservateur du musée Cantini à Marseille, a collaboré à de nombreuses revues, notamment Argile et Il Particolare. Poète, il a publié une douzaine de recueils où il s’attache aux rivages, à la « transhumance des jours », au passage des saisons. De Marges (Lettres de casse 1981) à Dans cette obscurité (Flammarion 1985), de Désaccordé parmi les ombres (Spectres Familiers 1999) à Perdue aux lèvres (La Dogana 2006), ses textes frémissants captent dans leur syntaxe parfaite des « instants illisibles », des souffles, des vertiges. Dans les brèves proses d’En absence de fond, il s’agit de « parler bas dans l’inaudible », de guetter des mouvements à peine perceptibles – froissement, palpitation, craquement : « Délesté de sa pesanteur dans les flaques, l’oiseau s’est confondu avec une lumière inquiète, tel l’envers tombé dans l’eau restée du ciel qu’une risée emporte ». À cette partition sensorielle s’ajoutent des effluves : parfum d’une orange pelée, arôme de jasmin ou senteur d’eucalyptus. Cette attention intense à l’infime n’exclut pas le sentiment de l’espace – ciel, mer ou désert : « Je sais qu’à Port-Saïd il n’y avait plus rien après le kilomètre neuf et que l’Asie était en face ».