Rolland Caignard : Carnets d’enregistrements

 
par Bertrand Verdier

R. Caignard: « démontrer l’impossibilité de réaliser une biographie et, par conséquent, [...] constater l’aporie des explications littéraires, centrées seulement sur la figure mythifiée d’un auteur.» (Carnets d’enregistrements, p. 7)

« Compositions, photographies qui échappent à l’identification. Inidentifiable. Anti-signalement. »
(présentation de son : Je ne suis pas identifiable)

Du même, l’étude Le souterrain sarrautien évoque Tropismes [mais pas Entre la vie et la mort – mon exemplaire retrouvé porte, de ma main, la date d’achat : « 8 novembre 2008 », précisée d’un « le lendemain du 7 donc »] et rééxamine l’existentialisme et les rivages de l’étant.

Une réfutation – que croire de Wittgenstein me sied – du fameux tweet de Descartes : « cogito ergo sum », repose sur l’impossible identité du « je » qui écrit penser et de celui qui déduit être : avoir conscience de penser modifie nécessairement le sujet. Socratique en son aspiration, l’unité de ce « je » est un leurre, le même qu’excrète tout emploi (exception notoire du fascinant datif d’intérêt qui seul s’affirme fiction) du pronom personnel de la 1ère personne (d’autant plus, au pluriel : mettre l’infini à la portée des caniches consiste à donner ce que l’on n’a pas à quelqu’un etc. – JP a validé mon analyse selon laquelle on était au moins 9 dans cette citadine de pétasse). Il faudrait pouvoir citer ici in extenso la postface de Plume1. Mettre plus qu’un mot de Michaux. Rimbaud2, Pirandello3, ...

Cette problématique m’eût moins happé, sauve la patence, aux yeux de toutes, que le moi qui a lu ces Carnets il y a deux mois diffère sondablement du moi qui les découvrit la semaine passée.




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Éditions du Stop
« performance / poésies »
120 p., 9,00 €
couverture

1. au delà de : « On n’est peut-être pas fait pour un seul moi. On a tort de s’y tenir. Préjugé de l’unité. »

2. Pas seulement : « Je éteint l’autre », mais aussi par exemple, qui précède immédiatement dans la lettre à Georges Izambard datée du [13] mai 1871 : « C’est faux de dire : Je pense : on devrait dire : ON* me pense ».
* C’est nous qui choisissons de différentier ce « on » en introduisant la police nommée Déjà vu, dans le style Note de bas de page, du logiciel libre OpenOffice, version Apache OpenOffice 4.1.3 AOO413m1(Build:9783) - Rev. 1761381 pour souligner, et non Rimbaud.

3. cf., fort logiquement, Un, personne et cent mille**
** Et encore plus logiquement, Dante : Vita nova.