Bruno Fern : L’air de rin

 
par Claude Favre

Rapt et rupt et rit Bruno Fern, en défiance de tout sérieux, toute complaisance, tout chromo – littérature « a’xiste pas » disait Tardieu, « a fait rin / a dit rin / » on zy va, plaisir « dynamythe » et frasques et phrases : l’alexandrin rin d’un style, animal bibelot, cause matière les poètes jouent « d’inanité sonore » et ce, en plusieurs voix, aussi : « 40 – Dégât collatéral / A vomi ses boyaux à la télé c’est gore. ». Et à la façon Queneau d’exercices, en déviation de vers-mémoire, on peut toujours compter sur rin, le sait à tintamarre l’auteur tantinet dépasseur de bornes, à se dénuder, troubadour et gambades : « 20 – Empoté / Fâcherai Astaire juste en dansant. ». De l’un à l’autre 1 et 2, dépecé, plastiqué le lyrisme à l’emporte-rire : « 7 – Assuré / Abattis, numéros, garanties & sponsors. » « 15 – Incognito / A sans cri le crapaud écrasé qu’on ignore. » « 55 – Veinard / À bibi à l’hosto vue du côté du port. ». L’auteur ne se ménage, ni à l’emporte-pièce, hommes et vers, pour le plaisir de la mise en bouche, de la découverte, l’équivocité : « 58 – Sécuritaire / Fliquerai un ver même pas luisant. » De petits riens, choses vives, l’air de pas, au delà, en deçà, par-dessous, sorte d’élégance à ne pas empeser, quelque chose de politique.




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Préface de Jean-Pierre Verheggen
Louise Bottu
« ContraintEs »
58 p., 7,00 €
couverture

1. « Aboli bibelot d’inanité sonore », Stéphane Mallarmé et 2. « Ferai un vers de pur néant », Guillaume d’Aquitaine.