Mathieu Brosseau : L’Animal central

 
par Mathias Lavin

Pour approcher cet Animal central, à défaut de l’apprivoiser tant il est protéiforme, peut-être faut-il commencer par évoquer ses marges. La quatrième de couverture nous indique ce que serait la généalogie idéale de l’auteur : « Rimbaud-Artaud-Novarina ». Ce trio n’a rien d’écrasant, il permet d’indiquer une fraternité d’écriture tout à fait convaincante après lecture de l’ouvrage. La couverture quant à elle arbore un (curieux) dessin, signé par Edmond Baudoin, où l’on hésite à reconnaître une version du réveil de la Belle au bois dormant. Et le recueil lui-même sera ponctué à trois occasions par d’autres images de nature différente. Il faut commencer par les marges du volume car le travail sur la langue, offert par Mathieu Brosseau, repose sur une confrontation sans cesse rejouée entre l’écriture poétique et ses limites – qu’elles concernent la fiction, le sens, l’image comme indiqué, ou le monde. Une fois ces repères posés, on peut mieux se perdre dans les différents fragments du recueil dont il faudrait pouvoir citer tous les titres, empreint souvent d’un humour glacé (« chère mamie bandelette », « la traversée du mille-feuilles », etc.). L’ensemble propose une discrète déroute du visible pour mieux nous rendre sensibles aux variations qui parcourent tout le corps et développer une vibration sonore très envoûtante.




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Le Castrol Astral
116 p., 12,00 €
couverture