Marie-Claire Bancquart : Qui vient de loin / Tracé du vivant

 
par Monique Petillon

« Qui vive ? » C’est la brûlante question que pose d’emblée le dernier ouvrage de Marie-Claire Bancquart, Qui vient de loin. Un recueil qui, ainsi que les deux précédents, Violente vie et Mots de passe (Le Castor Astral 2012 et 2014), est habité par un « corps convalescent », traversé par l’épreuve de la maladie, hanté par la menace de la mort. « Oui, j’ai coulé / pas tout à fait au fond / mais en totale absence ». Les draps jaunes de l’Assistance publique, le « couinement » des ambulances, les chariots d’anesthésiste, dessinent un paysage douloureux. « J’apprenais que la mort n’était pas facile ».
Mais la vie revient, fragile encore, inespérée, savoureuse. Les « choses moindres » – le pelage d’un chat familier, une bruyère sur un balcon – tout est douceur, même le bois de la table ou les pierres d’un vieux mur qui tiédissent sous la paume de la main. « Humer, respirer » est précaire et précieux, qu’il s’agisse du parfum des arbres, ou même de « l’odeur forte des rues ». Peu à peu se retrouve une « confiance très ancienne / en choses et gens ». Et surtout dans le poème : « Écrire / pour l’inconnu qui me lira » – c’est la promesse d’un échange « inépuisable », quoique provisoire. « Et les mots sècheront dans un grenier lointain / sur la terre / que nous aurons / oubliée ».
Le Tracé du vivant, qui donne son titre à un autre recueil, pourrait être celui d’un électrocardiogramme, ou celui de la partition d’Alain Bancquart, dont la première page est reproduite en couverture. Le musicien, compagnon de toute une vie, a composé deux œuvres sur des textes de ce recueil : Au grand lit du monde, pour récitante et flûte, et Le cri peut être tendre, aussi, pour récitante et piano. Publiées dans la collection « Inactuelles » (Tschann), elles ont donné lieu à un concert à Reid Hall en 2014. C’est une farouche « célébration du vivant », violente, obstinée, bien éloignée de la pastorale ou de l’églogue. « Toi, la sauvage, tu as / autre chose à crier / dissonante ».




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Qui vient de loin
Le Castor Astral
118 p., 13,00€
couverture
Tracé du vivant
Arfuyen
96 p., 11,00€
couverture