Émile Verhaeren : Les Villages illusoires

 
par Létitia Mouze

Le recueil symboliste du poète belge E. Verhaeren Les Villages illusoires, paru en 1895, est ici précédé d’extraits de La Trilogie noire et de poèmes en prose, dont la rédaction s’étend de 1887 à 1892, et qui se caractérisent par une violence tourmentée, une noirceur exacerbée, un dolorisme masochiste (soulignés quelquefois par des enjambements qui brisent le vers), qui évoquent les tableaux de Matthias Grünewald, admirés par le poète. Les Villages illusoires en revanche témoignent d’une évolution vers une poésie aux accents plus verlainiens et mélancoliques, où la rime, généralement respectée, est renforcée par de nombreux effets d’assonances et d’allitérations. La plupart des poèmes sont consacrés chacun à une figure emblématique de la vie villageoise d’antan (meunier, fossoyeur, forgeron, petite vieille…) élevée au rang d’allégorie : ces personnages aux traits intemporels valent avant tout comme des mythes et des symboles d’une vie que la modernité est en train de détruire. Comme dans les poèmes antérieurs, la mort, le vent, l’automne, la pluie, le soir, sont omniprésents, mais comme en sourdine, éloignés par l’impersonnalité du ton, et aussi par la plus grande brièveté des vers.




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Espace Nord
« Poésie »
224 p., 9,00 €
couverture